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De vélo et de fiel

  • Photo du rédacteur: nacouzij
    nacouzij
  • 12 avr.
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 13 avr.

Texte en réponse à la chronique de Maxime Bergeron Vélo, cônes orange et déception parue dans La Presse [1]  le 9 avril 2025.



Il ne passe pas une journée à Montréal où chroniqueurs de radio et de presse écrite ou encore des politiciens, ne déversent leur fiel sur les aménagements cyclables à Montréal. Que ce soit un Richard Martineau qui suggère « que chaque itinérant aille chier sur une piste cyclable » ou encore qu’une prétendante à la première magistrature relaie des informations erronées sur les pistes cyclables qu’elle veut « réévaluer » ou encore, grande déception, qu’un chroniqueur de La Presse mette les cônes orange et les pistes cyclables au même pied d’égalité en termes de nuisances, il est consternant de voir qu’on n'a pas fini d’instrumentaliser cet objet de liberté.


Le vélo et les familles


Souvent, le sujet des familles revient sur la table quand on parle d’aménagements cyclables. Mais qu’en est-il en réalité, à part se fier à des courriels reçus de lecteurs?

Il s’agit d’observer le REV Saint-Denis un jour de semaine à l’heure de pointe pour voir tous ces enfants, en toute autonomie et indépendance s’y déplacer en sécurité, ou encore cette religieuse à vélo en plein hiver, pédalant, bien déterminée. Toutes les données le prouvent, l’usage du vélo est en nette progression à Montréal. Le REV Saint-Denis a comptabilisé à lui seul 1.675 millions de passages en 2024, soit 49% de plus qu’en 2021[2]. Autre indicateur : de 2018 à 2023, la part modale dans le secteur Montréal-Centre (1.1 millions d’habitants) a carrément doublé, passant de 7% à 15% pour les déplacements domicile-travail allant de Montréal-Centre à Montréal-Centre, alors que l'ensemble des déplacements sur 24h fait par les résidents, la part modale du vélo est passée de 4,1% à 7,7% [3]. Le secret? Des aménagements cyclables sécuritaires et conviviaux, qu’on appelle dans le jargon des aménagistes de type AAA (de l’anglais « All-Ages and Abilities », soit pour tous les âges et habiletés). Des aménagements qui, parfois ont requis le retrait de l’espace sacro-saint à l’auto. Et malgré tout cela, quelle part de la voirie est dédiée au vélo? Un maigre 1.4% selon une étude de Polytechnique Montréal de 2019[4], chiffres qui doivent s’approcher du 2% en 2025, comparée à 78% pour l’auto.

Comment alors peut-on prétendre vouloir défendre les familles « qui continuent à quitter l’ile », tout en affirmant que les infrastructures cyclables à Montréal leur sont nuisibles? Le sujet de l’exode des familles est pas mal plus complexe que des cônes et des pistes cyclables (indice : manque de logements adaptés).


Camillien-Houde : à vélo ou à mulet?


Mais qu’en-est-il de l’affirmation en quoi les familles souhaitant monter la voie Camillien-Houde devront « gravir des kilomètres de pente abrupte, à pied ou à vélo, chargées comme des mulets »? Cette affirmation est fausse et tendancieuse. Ils pourront toujours prendre leur auto ou le bus et monter par le flanc ouest. Détour vous allez dire? Rappelez-vous que c’est encore mieux que le sommet du mont Saint-Bruno ou du mont Saint-Hilaire, qui ne sont accessibles par aucun des 4 points cardinaux en véhicule motorisé. Imaginez-vous, le mont Royal, qui est juste dans notre cour arrière, aura même son stationnement verdi!


Le vélo comme électrochoc pour le commerce sur rue


On mentionne souvent les pistes cyclables comme nuisibles aux commerces sur rue. Mais qu’en est-il en réalité? Encore une fois, le REV Saint-Denis nous fait une démonstration magistrale des bienfaits pour le commerce. De 77% avant l’implantation du REV, le taux d’occupation est passé à 86.05%[5] en 2024, voire 97% si on enlève du compte les propriétaires refusant de louer leur commerce. Il s’agit d’aller faire une petite marche sur cette rue pour voir comment les aménagements cyclables ont permis d’humaniser la rue et ramener une clientèle qui l’avait désertée.


Quel rôle pour les journalistes?


Le plus triste dans tout celà, est que journalistes et chroniqueurs ont un accès privilégié à une tribune qu’ils pourraient allégrement utiliser pour faire la promotion d’aménagements qui sauvent des vies, qui rendent l’autonomie aux enfants et aux ainé-es, qui les gardent en santé, tout comme le journaliste Vic Langenhoff l’a fait aux Pays-bas dans les années 1970, lançant le mouvement « Stop de Kindermoord », mouvement qui a révolutionné la mobilité active dans ce pays.

[1] Données de la S





DC Saint-Denis.

[1]  Vélo, cônes orange et déception - Maxime Bergeron - La Presse

[3] Source : enquête métropolitaine 2023 – perspective mobilité (ARTM)

[5]Données de la SDC Saint-Denis

 
 
 

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