Réponses aux arguments des anti-vélo
- nacouzij
- 9 août
- 5 min de lecture
À l'approche des élections municipales au Québec, on a créé cette liste d'arguments souvent soulevées par des gens qui s'opposent aux aménagements cyclables. On y propose des éléments de réponse qu'on espère logiques.
Cette liste est en cour de construction. Si vous avez d'autres questions typiques, faites-nous savoir et on les ajoutera.
1- « II faut faire payer aux cyclistes le coût des pistes cyclables ».
Réponse :
Sans la présence d'autos, il n'aurait pas été nécessaire de créer des trottoirs et des pistes cyclables pour protéger piétons et usagers du vélo, du danger automobile.
Donc en résumé, les trottoirs et les pistes cyclables sont des infrastructures automobiles dont le coût doit être assumé par les automobilistes (aujourd’hui, c’est un coût assumé par uniquement par tous les contribuables).
2- « Les cyclistes ne font pas leur stop ».
Réponse :
C’est vrai, ils traitent l’arrêt comme un « céder le passage », c’est ce qu’on appelle le « Stop Idaho » qui réduit les risques de blessures graves et décès chez les cyclistes (-14% selon une étude). S’il fallait s’immobiliser à chaque panneau d’arrêt, la pratique du vélo perdrait totalement de son attrait et rendrait la pratique intéressante uniquement aux plus forts physiquement.
3- « Tu ne peux pas transporter un sofa ou un lave-vaisselle à vélo »
Réponse :
C’est vrai (quoique...), mais tu ne peux pas non plus transporter un sofa ou un lave-vaisselle en auto. Tu vas magasiner et tu te fais livrer. Simple de même.
4- « Ma grand-mère ne peut pas faire du vélo »
Réponse :
La mienne non plus. Les enfants d’aujourd’hui deviendront des grands-parents demain. Commencer la pratique du vélo utilitaire aujourd’hui, leur permettra de rester en santé longtemps.
D’ailleurs, à ce sujet, les 2 tranches de population qui utilisent le plus le vélo aux Pays-Bas sont les 12-17 ans et les 65-75 ans :
5- « Tout le monde ne peut pas faire du vélo »
Réponse :
C’est vrai, mais tout le monde ne peut pas conduire une auto non plus. L’idée n’est pas de forcer qui que ce soit à faire du vélo, mais plutôt à ouvrir des opportunités à celles et ceux qui le souhaitent et qui ne le font pas actuellement faute d’aménagements sécuritaires. L'achalandage du REV Saint-Denis en est la preuve.
6- « Mon travail est très loin pour aller à vélo »
Réponse :
C’est vrai, on ne choisit pas notre lieu de résidence vs. notre lieu d’emploi, mais globalement, chaque cycliste sur un vélo, c’est une auto en moins sur la route ou c’est une place assise de plus dans le métro ou le bus.
Mais aussi : un vélo ordinaire est adéquat pour les trajets inférieurs à 7 km, le vélo à assistance électrique étire cette distance à 11 km, par trajet (11 km aller, 11 km retour).
7- « Les pistes cyclables créent du traffic »
Réponse :
C’est faux, les pistes cyclables en fait réduisent le traffic. La capacité d’une piste est 5 fois celle des voies automobiles.
Mais aussi, chaque cycliste sur un vélo, c’est une auto en moins sur la route ou c’est une place assise supplémentaire dans le métro ou le bus.
8 - « Je ne peux pas faire mon épicerie à vélo »
Réponse :
C’est faux, les remorques sont un excellent moyen de faire son épicerie à vélo. Seul hic, il faut que les supermarchés s’adaptent avec des stationnements à vélo adéquat.
Mais aussi, tu peux utiliser une auto pour faire tes courses, et pour le reste, utiliser ton vélo. Ce n’est pas un ou l’autre, c’est un cocktail de plusieurs modes de transport, selon les besoins. Tu ne prends pas le train pour aller en Europe, comme tu ne prends pas l'avion pour aller en banlieue.

9 - « Les cyclistes ne respectent pas le code la route »
Peut-être, mais selon une étude, les automobilistes sont pires et en plus, ils causent un danger beaucoup plus grand sur les autres. L'autonormativité a fait qu'on ignore inconsciemment les non-respects du code de la route par les automobilistes (arrêts, feux brulés, dépassement de la vitesse limite, non-usage de clignotants, etc.).
10 - « Les pistes cyclables tuent les artères commerciales »
Réponse :
Faux, c’est juste l’inverse. Étude après étude démontre que l’ajout de pistes cyclables doit se faire sur des artères commerciales pour apporter une nouvelle clientèle, mais aussi pour l’apaiser. l’expérience des clients se trouve améliorée, attirant encore plus de clients. Il est vrai que, selon plusieurs études, les cyclistes dépensent moins à chaque visite, mais viennent plus souvent que les automobilistes durant l’année, donc globalement dépensent plus sur une année, et donc sont plus bénéfiques. L’exemple du REV Saint-Denis parle de lui-même : baisse des locaux vacants de 30% à 14% entre 2020 et 2025, augmentation des chiffres d’affaire des commerces (données Moneris).
11 - « Il faut mettre les pistes sur les rues locales et non sur les grandes artères ».
Réponse :
Les rues locales ont le défaut d’être déstructurées (très différents d’un quartier à l’autre, ne permettent pas de franchir les barrières (grands Boulevards (intersection Clark/St-Joseph), les viaducs de train (Des Carrières)), mais aussi l’ajout de pistes cyclables requiert le retrait de stationnements autos pour résidents et l’ajout de feux très couteux à certaines intersections (ex. intersection Clark/Rachel).
Les grandes artères permettent des déplacements rapides, en ligne droite et sécuritaires au niveau des grandes barrières, tout en offrant l’espace nécessaire sans impact sur les stationnements (REV Saint-Denis, piste Christophe-Colomb). Leur impact est beaucoup plus important sur le transfert modal vers le vélo car ne requièrent pas de longs détours. Les rues locales doivent avoir un traitement différent tel l'aménagement de vélo-rues.
12 - "C'est impossible de faire du vélo en hiver ou quand il pleut".
Réponse :
Il est vrai qu'on voit une diminution de l'usage du vélo par mauvais temps, mais c'est pareil pour la marche. On ne va pas s'empêcher de faire des aménagements cyclables (ou des trottoirs) car la météo n'est pas toujours clémente.
Mais aussi :
Comme dit l'adage, il n'y a pas de mauvais temps, il y a juste de mauvais équipements". Une fois que le vélo utilitaire fait parti de ton quotidien, tu d'adaptes en prévoyant un coupe-vent, bottes de pluie, mais aussi tu installes des garde-boues qui permettent de pédaler sans te salir poste-précipitations.
Mais aussi :
Bien que le vélo en hiver demande une adaptation supplémentaire, le plus grand frein à cette pratique est le manque d'aménagements entretenus (déneigement) et sécurtiraires (séparés du traffic auto). Pour le reste, tu adaptes ton vélo (pneus à clou) et tu t'habilles adéquatement (comme le piéton mets des bottes quand il neige, le cycliste met des mitaines quand il pédale).
13 - "Je ne vois jamais de cyclistes sur la piste"
Réponse :
1- Entre la perception et la réalité, la différence peut être grande, à moins de se poster sur une piste pendant 24 heures et compter les vélos qui passent. Il faut se fier sur les données des compteurs et non sur des perceptions.
2- Une fois qu'on regarde les données des compteurs, il y a effectivement des pistes moins utilisées que d'autres. C'est normal :
a- Est-ce qu'on s'attend à ce que le trottoir d'une rue résidentielle soit aussi utilisé que le trottoir d'une artère commerciale. Idem pour les passages d'autos sur une autoroute vs. une rue résidentielle.
b- Il y a une certaine inertie avant que les habitudes ne changent ou que les algorithmes (ex. google maps) ne proposent ces nouveaux aménagements. Dans les années 60, lors de son inauguration, l'autoroute Décarie était littéralement vide à ses débuts.
c- Certaines pistes sont construites sur plusieurs années (REV Viger/St-Antoine/St-Jacques). Comme un pont qui relie uniqement 2 îles sur un fleuve sans rejoindre les rives, son usage sera local et limité tant qu'il ne permet pas de connecter les 2 rives. C'est pareil pour les aménagements cyclables non complétés et non connectées au reste du réseau.





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